Le chant de l’aurore résonnait dans la campagne. L’air était doux et suave, parfumé par les vapeurs émanant de pétales humides du bon matin. Quelques oisillons osaient enfin sortir pour entonner les premières notes de la symphonie du printemps.
Pictavius chevauchait seul dans cette contrée. Il dormait depuis quelques jours à la belle étoile, demandant son chemin à quelques paysans regagnant leurs foyers, partageant le peu qu’il avait avec quelques mendiants au hasard des chemins.
Il lui semblait que la nature avait levé sous ses pas le voile de l’hiver. Il profitait d’un temps agréable pour relire au calme, sous un arbre, le Livre des Vertus.
Soudain il aperçût une forteresse, belle et noble, dont quelques pointes s’élançaient vers le ciel comme en communion de puissance. Nul doute qu’il était enfin arrivé.
La mission qui le menait ce jour n’avait pourtant rien d’officiel ni de militaire comme il en avait si souvent l’habitude.
Il avait ce jour le cœur léger, une impression d’être déjà passé sur ces chemins.
Au fur et à mesure qu’il gravissait le sentier menant au poste de garde, les murailles de pierre s’élançaient devant lui, les toits d’ardoises se confondant parfois avec le ciel.
Il avait prit soin hier de prendre un bain dans la rivière qui coulait non loin de là et avait sorti ses plus beaux atours pour faire honneur à la Dame qui était l’objet de sa visite.
Il était arrivé et voyait devant lui le garde du château.
Salut à toi garde de la forteresse !
Je suis Monseigneur Pictavius de Taillebourg, Vidame d’Embrun, et viens mander une entrevue avec la Duchesse de Chablais.
Après ces quelques mots, Pictavius attendit quelques instants, droit comme un i sur son destrier.